Celui qui truque les données de la délinquance est-il un délinquant ?
Dans les chiffres de la délinquance, magie et statistique semblent parfois très proches. Selon l’Inspection Générale de l’Administration (IGA), entre 2007 et 2012, 130 000 faits de délinquance auraient « disparu » dans l’agglomération parisienne. Où sont-il ? si vous en croisez-un merci de le rapporter sans attendre place Bauveau !
Comment faire baisser une statistique aussi stratégique que celle de la délinquance ?
Deux méthodes très simples semblent avoir été utilisées par la préfecture de Police de Paris. La première consiste à stopper les enregistrements des plaintes avant la fin du mois, on freine ainsi les chiffres puis on les bascule sur l’année suivante, une fuite en avant jusqu’à la prochaine élection. Une sorte de « cadeau de bienvenu » pour l’équipe suivante. Deuxième méthode, plus lapidaire, s’autoriser à ignorer certains cas, infractions, méfaits tout simplement. Et selon l’adage bien connu, « pas de cas, pas de data ! »
Cette mauvaise data-pratique a commencé fin 80’s, sous les mandats de P. Joxe et de C. Pasqua au Ministère de l’Intérieur. Si N. Sarkozy a poussé la « culture du chiffre » à son extrême, en arrivant Place Bauveau, M. Valls a fait en sorte que cette course effrénée aux bonnes statistiques cesse au profit d’une culture de l’efficacité. Mais même avec ce choix de transparence, les mauvaises pratiques policières continuent et les chiffres de la délinquance restent inférieurs à la réalité qu’ils sont censés dépeindre.
Pour refondre plus en profondeur cette politique du chiffre, Manuel Valls entendait s’appuyer sur … de nouveaux chiffres. L’indicateur faisant la stratégie, il souhaitait bâtir des indicateurs pour mieux « orienter et stimuler l’engagement des équipes » sur le terrain. Jusque-là, l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP) classe les actes de délinquances en trois catégories : atteintes aux personnes, atteintes aux biens et infractions économiques et financières.
On pourrait compléter cette liste en proposant une « infraction au bon usage des données » ou encore une « atteinte à l’éthique de la data » … de nouveaux délits qui, s’ils sont comptabilisés, pourraient bien faire exploser les prochains chiffres de la délinquance.
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